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L' Avortement en Côte d'Ivoire: un sujet sensible qui mérite une réflexion profonde

 


                                  



L'avortement est un sujet qui suscite des débats passionnés à travers le monde, et la Côte d'Ivoire ne fait pas exception. Dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, l'avortement est un sujet délicat, complexe et controversé. Les lois ivoiriennes actuelles en matière d'avortement reflètent une approche restrictive, mais il est temps de prendre du recul et de réfléchir profondément à la question pour le bien-être des femmes et de la société dans son ensemble.

La législation actuelle


Le code pénal ivoirien définit l'avortement comme l'emploi d'aliments, breuvages, médicaments, substances, manœuvres, violences ou de tout autre moyen en vue de provoquer l'expulsion prématurée de l’embryon ou du fœtus, quel que soit le moment de la grossesse où cette expulsion est pratiquée, que la femme y ait consenti ou non (Art. 425).

La pénalisation de l’avortement vaut sauf en cas de viol, sur demande de la victime ; et lorsque la vie de la mère est gravement menacée. Or selon l’enquête PMA 2020, 230 000 avortements (soit 4% des femmes en âge de procréer (15-49 ans) sont pratiqués chaque année en Côte d’Ivoire, dont 6 sur 10 sont des avortements à risque, car impliquant des procédures peu conventionnelles et non recommandées. Cette législation restrictive a des conséquences importantes pour les femmes en Côte d'Ivoire. Elle limite leur autonomie en matière de santé reproductive et de choix concernant leur corps. De plus, elle peut les pousser à recourir à des avortements clandestins et dangereux, mettant ainsi leur vie en danger. 


Les répercussions sur les femmes

La pénalisation de l'avortement a des répercussions profondes sur la vie des femmes ivoiriennes. Certaines femmes se retrouvent confrontées à des grossesses non désirées pour diverses raisons, qu'il s'agisse de viol, d'inceste, de problèmes de santé ou de contraintes économiques. L'incapacité d'accéder à un avortement sûr et légal peut les laisser dans une situation désespérée, les forçant à prendre des décisions difficiles. De plus, les avortements clandestins sont souvent pratiqués dans des conditions dangereuses, ce qui augmente considérablement les risques pour la santé des femmes. Cette situation n'est pas seulement un problème de santé publique, mais aussi un problème de droits de l'homme.

L' appel à la réforme

Face à cette réalité, de nombreux défenseurs des droits des femmes, organisations de la société civile et professionnels de la santé plaident en faveur d'une réforme de la législation sur l'avortement en Côte d'Ivoire. Ils soutiennent que les femmes devraient avoir le droit de décider de leur propre santé reproductive, en toute sécurité et légalement.

Une réforme pourrait permettre de sauver des vies en mettant fin aux avortements
clandestins et en offrant aux femmes des options légales lorsqu'elles sont confrontées à une grossesse non désirée. Cela renforcerait également l'autonomie des femmes et contribuerait à réduire les inégalités en matière de santé.

La sensibilisation et l'éducation

En plus de la réforme législative, il est crucial de sensibiliser la société sur cette question et d'éduquer les individus sur les droits des femmes en matière de santé reproductive. La compréhension de la complexité de cette question peut contribuer à réduire la stigmatisation entourant l'avortement et à favoriser un débat constructif.

La question de l'avortement en Côte d'Ivoire est un sujet délicat et complexe qui mérite une réflexion approfondie. Il est temps de reconsidérer la législation actuelle pour garantir aux femmes le droit à des soins de santé reproductive sûrs et légaux. Une approche plus inclusive, respectueuse des droits de l'homme et de l'autonomie des femmes, peut contribuer à améliorer la santé et le bien-être de la société ivoirienne dans son ensemble.


                                                                  By ROBERT DECOTTE MARIE EMELINE

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